• Rue Bouteille (Lyon)

    Pendant des années j'ai ignoré que ce 14 rue Bouteille où nous avons vécu 7 ans avait son histoire.
    En revenant sur les pas de mon enfance en 1995, j'ai bien sûr voulu revoir cet immeuble que j'esperais intact. Au départ j'ai eu un moment de panique, voici que le numéro 14 n'était plus là mais grace à un de ses habitants, nous aprenions que le 14 et le 16 étaient réunis et avaient leur entrée commune.
    L'immeuble était en complète rénovation...

    Rue Bouteille (Lyon)

    (photo en 1995)

    Rue Bouteille (Lyon)

    (lors de notre 2ème visite en 2010. Guère de changement)

    Dans mon enfance, il y avait un couloir avec toute une série d'anciennes boîtes aux lettres sur une partie du mur qui avait une ouverture sur l'escalier menant aux appartements. Au fond du couloir c'était la cour.

    Rue Bouteille (Lyon)

    La cour a bien changé ,carrelée, propre, elle donne sur une entrée qui dans mon enfance était la loge de la concièrege qui vivait dans une unique pièce avec son mari
    Je revois encore comme si c'était hier cette loge où leur lit était à côté de leur porte d'entrée.

    Rue Bouteille (Lyon)

    J'ai levé la tête et là, j'ai revu au 4ème étage, les deux uniques fenêtres de notre appartement. Un deux pièces où nous vivions à 5, un deux pièces sans salle de bains ni toilettes, pour cela nous devions descendre un étage car si il semble que l'appartement soit au 4ème, nous avions en vérité 8 étages à monter par sa construction en L.
    L'émotion de revoir ces fenêtres m'a submergée et j'en ai même oublié que les années étaient passées...
    "Oh! ils ont réparé la vitre!"
    Et réalisant ensuite, j'ai fondu en larmes.
    Et pourtant, que regretter de ce minable appartement? Aujourd'hui, il me serait impossible de vivre dans de telles conditions.

    Rue Bouteille (Lyon)

    Et c'est dans cet entresol que se trouvaient les toilettes. C'est la seule photo que j'ai de ces années 1960. Ici ma mère sur le palier qui donne sur la cour.
    Ce jour là, j'ai vu que si les toileetes existaient, elles ne servaient qu'à entreposer balais et autres objets sans relation entre eux.

    Alors, ce 14 rue Bouteille a son passé qui fait partie de l'histoire de Lyon.
    Nous sommes en mai 1943  et ce 14 rue Bouteille va être le lieu d'un drame.Ici se trouvait une boîte aux lettres spéciale, une boîte aux lettres servant à la Résistance -Fer. Elle était au nom d'une petite couturière "Mme Dumoulin".
    Il y aura dénonciation  (ou autre moyen) pour que la Gestapo en fasse une véritable souricière car  elle sera au courant pour cette boîte aux lettres ainsi que d'autres sur Lyon et la petite couturière sera arrêtée puis déportée. Avec elle, suivra le lendemain la résistante Marie Reynoard. Les deux mourront en déportation.(sources : "livre de guerre, forum", "Charles Delestraint.free")
    Je n'ai pas réussi à savoir à quel étage vivait la petite couturière... petite frustration. Peut-être que je passais devant son étage , peut-être était-ce le notre, ignorants qu'ici s'était déroulé un terrible drame...

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  • Commentaires

    1
    pontdevie-pivoine
    Jeudi 6 Novembre 2014 à 11:31

    Que d'émotion ! Comme je te comprends ! Revenir sur les pas de son enfance n'est pas chose facile, surtout lorsqu'elle a été difficile.

    Moi aussi, je me dis que maintenant il semble inconcevable d'avoir vécu dans des conditions aussi précaires. 

    La vieille maison de mon enfance a été détruite, interdite à l'habitation mais il reste le chemin qui conduisait au grand jardin, maintenant occupé par une cité. Je passe devant bien souvent et chaque fois c'est le coeur serré.

    Je te fais de très gros bisous.

    2
    Samedi 30 Mai 2015 à 18:48

    Une émotion qui me submerge lorsque je passe au 16 rue Daunou à Paris. C'est toute notre enfance qui ressurgit. J'ai connu aussi une enfance sans salle de bains et les toilettes au demi étage.

    Habitant désormais à la Croix Rousse, je découvre ce quartier qui est tellement vivant.

    Votre récit m'a bien plu - je cherche le jardin aux chats qui est, parait-il rue Bouteille ; je vais continuer.

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