• Ce n'est pas se perdre dans le passé mais qu'il est bon parfois de s'y promener. Le Temps file si vite qu'il emporte avec lui des scènes de joie ou de tristesse, des odeurs, des êtres chers pour nous laisser en compagnie de rêves futurs...
    Mais la Mémoire veille et lorsque le temps veut bien prendre une pause alors elle se manifeste...
    " Pousse cette porte... pousse la!" chuchote-t-elle.
    Pousser la porte que le Temps nous rendait invisible et voici que le livre de la Vie apparaît à nos yeux...
    Tourner une page au hasard...
    Les Mots, les Images pêle-mêle se bousculent , sautent à ma figure, embrouillent la Mémoire qui n'arrive pas à leur donner un ordre cohérent.
    Le livre de la Vie s'en mêle alors...
    " Il était une fois..."
    Et le calme revient.
    Il était une fois 3 petits d'homme qui allaient vivre pour peu de temps dans une demeure dont leur mère avait eu le coup de foudre pour lui rappeler "les Hauts de Hurlevent".
    Ce presbytère situé au sommet du village avec son église pour voisine garde en son sein le fantôme des jeunes années de ces 3 petits d'homme.

    Le presbytère

    Au rez de chaussée 3 pièces en enfilade dont celle du millieu ne leur servait à rien Le couloir avec son bel escalier en chêne longeait ces trois pièces. Sous l'escalier imposant salle de bains et toilettes. La porte d'entrée possédait son énorme clé ne pouvant contenir dans un sac à main normal..
    L'escalier menant aux chambres possédait un entre sol avec 2 pièces à son niveau. L'une, bien minuscule allait être ce que j'appelais pompeusement "mon bureau". Un bureau meublé d'une table et de sa chaise. Une photo d'un cerisier en fleurs découpée d'une boîte de chocolat le décorait Et derrière moi, livres, cahiers de cours, revues étaient à même le sol ...dans un beau désordre.
    La porte à côté était à jamais fermée... c'était "la chambre de la morte". Une fois, une seule fois nous avions pu la voir avant que le maire vienne la fermer. Une chambre qui semblait vivante, attendant le retour de sa locataire avec linges épars, lit et sa literie ... Ici, une jeune fille était morte.
    Mais cela n'a jamais impressionné ou apeuré le petit d'homme qui avait un mur commun avec son bureau .
    Un jour les petits d'homme avaient voulu revoir cette chambre et ils avaient essayé de forcer la serrure. Peine perdue, elle était fermée bien fermée.

    Le presbytère
    (les 2 fenêtres du bureau et de la pièce fermée; en face fenêtre de la chambre du petit frère)

    Le presbytère semblait immense avec ses nombreuses pièces pour les 3 petits d'homme.. En quittant l'entresol, l'escalier donnait sur un palier avec 5 portes, dissemblables pour certaines suivant leur utilisation. Et voici l'univers des 3 petits d'homme avec la chambre du petit frère, la chambre de ses soeurs, la pièce de jeux où on n'hésitait pas à inviter les poules naines considérées comme membres de la famille.
    Une grosse porte menait au grenier. Combien de fois ils ont pu y jouer! Y découvrant même une autre pièce et dans leur imagination fertile, ils avaient conclu que c'était une pièce secrète qui servait de cachette pendant la guerre car un vieux masque à gaz et d'anciennes revues étaient là pour les conforter dans cette affirmation.
    Et enfin, la 5ème porte... porte interdite...
    Mais puisque c'était interdit , il fallait l'ouvrir et un soir d'absence des parents ou peut-être de non vigilance alors ils osèrent le geste...
    La porte s'ouvrait sur l'église. Les 3 petits d'homme dominaient l'ensemble . C'était bien la 1ère fois qu'ils découvraient une église sous cet angle. Est-ce la demi pénombre qui les empêchèrent d'emprunter l'escalier et s'aventurer plus loin? Il est sûr que la peur du lieu ne les poussa pas plus loin.
    Le jardin se trouvait de l'autre côté de la rue ou chemin, rue pour le village mais chemin de campagne.
    Les soirs d'été la grande soeur de sa fenêtre aimait admirer les couleurs que prenait l'arbre grâce au réverbère.
    Un gros crapaud n'hésitait pas à leur rendre visite devant le perron et un hibou faisait entendre son ululement en haut du clocher. Ils furent baptisé par la famille, Auguste pour l'un , quand à l'autre son prénom s'est évanoui dans la spirale du Temps.
    Un soir, les petits d'homme se retrouvèrent les maîtres de la bâtisse entière alors l'ambiance de cet univers les portèrent à jouer...
    A jouer à se faire peur. Le tourne-disque à leur portée, ils trouvère le bon 33 tours en musique classique pour les stimuler.
    Et voilà , on plonge la maison dans l'obscurité, toute la maison et on se poursuit de pièce en pièce, montant , descendant les escaliers, criant chaque fois qu'ils se touchaient, riant ensuite . La peur est là mais la joie est aussi de la partie...

    Le presbytère

    Le livre de la Vie tourne la page... la porte aux souvenirs se ferme sur leurs rires, leurs cris, les conservant à jamais...

    Les photos ont été remaniées mais c'est bien dans ce lieu où nous avons vécu un peu plus de trois ans pour y laisser ce souvenir impérissable dans ma mémoire

     

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  • A Toulouse, près de la place du Capitole, c'est une rue qui commence à se transformer, le visage de certaines façades se mettent peu à peu au goût du jour , faisant oublier ce temps où de petites gens vivaient derrière ces murs.
    Des petites gens vivant simplement, hors du confort et du bien être d'aujourd'hui. Cette façade, je l'ai prise en photo avant qu'elle ne disparaisse, heureuse de la retrouver encore intacte.

     

    Ici vivaient au rez de chaussée mes grands-parents paternels. Un appartement de 3 piéces en enfilade dont celle du milieu était une pièce noire, c'est à dire sans fenêtre. Appartement sans salle de bains. La porte d'entrée donnait sur un couloir qui au fond avait une porte donnant sur une minuscule cour . C'est elle qui possédait les toilettes servant à l'ensemble des locataires... du moins je le suppose.
    J'aimais venir chez eux, ma grand mère était bonne cuisinière et j'étais assez chouchoutée même si cela ne se traduisait ni en mots, ni en caresse. Elle aimait me faire des robes ...que je trouvais horribles à porter comme une à gros pois et son énorme noeud dans le dos alors que nous étions dans les années 70.
    Je souris aujourd'hui en y pensant ainsi qu'à d'autres scènes comme celle où mon grand père si fier de sa mobylette qui, un jour nous l'a faite entrer dans la minuscule cuisine pour je ne sais plus quelle raison...il y tenait tant!
    Et cette autre scène où n'ayant pas l'habitude d'être enfermée j'avais pris une chaise de la cuisine pour m'installer avec livres et cahiers dans la rue, au grand dam de ma grand mère lorsqu'elle m'avait vue ainsi. Morte de honte, elle m'avait envoyée sur la place du Capitole pour aller réviser ce brevet que je devais passer. Il paraît qu'en ville on ne fait pas ces choses là.
    Je dormais dans cette pièce du milieu qui a été la chambre de mon frère aîné. Son lit était un lit cosy. Il était encore rempli de ses objets personnels... une boule de neige en verre que je m'amusais à renverser pour y voir les flocons voler, ses livres de la bibliothèque verte sur une des étagères...un titre me revient: "les 6 compagnons", alors que moi je lisais plutôt la série "le club des cinq"...Nous n'avions pas la même bibliothèque.
    Tout un petit monde personnel était regroupé avec ce lit cosy et je m'émerveillais de voir que le soir, la nuit, rien ne se quittait, tous étaient là, à portée de ma main accompagnant et veillant à mon sommeil de jeune adolescente

     

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