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Par Geno756 le 8 Décembre 2014 à 23:58
Après avoir mis des extraits de ses souvenirs dans mes textes précédents, je vais en dire un peu plus sur lui.
Frédéric Mistral (1830-1914) était fils de paysans aisés. Pris Nobel de litterature en 1904 et fondateur du Félibrige en 1854 avec 5 autres poètes provencaux pour promouvoir la langue d'Oc.
"Mes origines, mémoires et récits" est le seul livre survivant de mon enfance. A 10 ans, voici qu'il est entre mes mains et que décennie après décennie, déménagement après déménagement, lui , va me suivre comme un inestimable trésor.
Bien sûr que je ne vais pas tout comprendre dans le livre mais il me restera, souvenir impérissable, cet amour qu'il vouait aux fleurs de glais, ce texte que je vais lire et relire je ne sais combien de fois. Ces fleurs de glais ,"belles fleurs jaunes qui se dressent en l'air comme des hallebardes d'or" (Mistral est poète même dans la prose), ces fleurs de glais aussi tentantes que la pomme dans le jardin d'Eden faillirent lui couter la vie en voulant les cueillir dans le fossé du Puits à roue alors qu'il avait à peine 4 ou 5 ans. J'aimais relire ce texte pour ce petit monde qui vivait dans ce fossé, petit monde d'insectes comme les demoiselles qui prenaient dans mon jeune âge l'allure de fée Clochette, d'autres au nom inconnu de mon vocabulaire, de mon savoir, comme les "notonectes" que mon imagination seule en créait une forme iréelle... poissons, batraciens et sans oublier les plantes aquatiques qu'enfant, je découvrais, émerveillée devant ce monde inconnu.Aujourd'hui, ce livre est en très mauvais état. Il a été publié en 1929, les pages ont bien jaunies, elles se détachent même, à plusieurs endroits mais je me refuse à racheter une autre édition . Ce livre est la mémoire d'une petite fille qui, à travers ces pages, a laissé l'empreinte de son émerveillement que lui causaient ces textes comme ce berger faisant découvrir à Mistral l'histoire des étoiles qu'il voyait chaque jour.
Le berger:
tenez, montons par cette voie qui blanchit du nord au sud: c'est le chemin de St Jacques. Il va de France droit sur l'Espagne. Quand l'empereur Charlemagne faisait la guerre aux Sarrasins, le grand St Jacques de Galice le marqua devant lui pour lui indiquer la route.
Mistral:
c'est ce que les paiëns appellent par Voie Lactée.
Le berger:
c'est possible; moi je vous dis ce que j'ai toujours ouï dire...Voyez-vous ce beau chariot, avec ses 4 roues qui éblouissent tout le nord?C'est le chariot des Âmes. Les 3 étoiles qui précèdent sont les 3 bêtes de l'attelage; et la toute petite qui va près de la 3ème nous l'appelons le Charretier.
Mistral:
c'est ce que dans les livres on nomme la Grande Ourse.
Le berger:
comme il vous plaira... Voyez, voyez, tout à l'entour les étoiles qui tombent; ce sont de pauvres âmes qui viennent d'entrer au Paradis. Signons -nous, monsieur Frédéric.
Mistral:
Beaux anges (comme on dit) que Dieu vous accompagne.
Le berger:
Mais tenez, un bel astre est celui qui resplendit pas loin du chariot, la haut: c'est le Bouvier du ciel
Mistral:
que dans l'astronomie on dénomme Arcturus
Le berger:
peu importe. Maintenant, regardez là, sur le nord, l'étoile qui scintille à peine: c'est l'étoile Marine, autrement dit la Tramontane. Elle est toujours visible et sert de signal aux marins_ Lesquels se voient perdus lorsqu'ils perdent la Tramontane.
Mistral:
l'étoile polaire, comme on l'appelle aussi, se trouve donc dans la Petite Ourse, et comme la bise vient de là, les marins de Provence, comme ceux d'Italie, disent qu'ils vont à l'Ourse, lorsqu'ils vont contre le vent.
(Extrait du chapitre :l'excursion dans les astres)
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Par Geno756 le 27 Novembre 2014 à 23:57
Celui ci aussi je tenais à le trouver. Je pense qu'il vient de chez Emmaüs car j'y allais souvent soit pour moi, soit pour mes fils qui lisaient eux aussi énormément.
Ce livre fut mon 1er livre d'histoire en primaire et peut-être est-ce à lui que je dois d'aimer autant lire les biographies, le vécu de nos anciens grace à sa façon de nous faire découvrir l'histoire de France.
En tout cas , dans ma scolarité, ce sera lui qui m'aura bien marquée pour que plus tard, il soit dans ma bibliothèque et dont mon fils aîné, petiot , aimait s'y pencher, au point d'y mettre quelques empreintes personnelles...On y retrouve plus ou moins mis en valeur, le sens patriotique. La morale y est soufflée dans certains textes. Tout ceci avait grande importance à cette époque je pense.
Ce texte m'avait terriblement marquée par la jeunesse du héros et le fait qu'il aille se battre et mourir ensuite.
Bon, l'histoire est fausse, en vérité Bara (joseph de son prénom) est le domestique d'un officier et ce n'est pas au combat qu'il est mort mais accompagné de 2 chevaux (volés? l'histoire là aussi diffère) il a été tué par des paysans vendéens pour les chevaux (là aussi, encore un différent, soit pour les voler, soit pour les récupérer).
En attendant nous, les minots , on croyait à l'histoire du jeune garçon et qu' on devait voir comme exemple de patriotisme...On ne voit plus ceci dans les livres d'histoire pour jeunes enfants. Ici on vous explique que Pierre l'Ermite, un pauvre moine prêcha la croisade, l'histoire de Hoche et Marceau, jeunes généraux de la 1ère république.
Je souris devant cette leçon qu'il nous fallait apprendre: "les soldats de la République se battent avec courage, en chantant La Mardeillaise." J'aurais bien aimé me souvenir quels sentiments m'habitaient en apprenant ceci.C'était ainsi nos classes, avec l'encrier encastré dans le bureau. L'estrade avec cette marche qui nous semblait haute....souvenir, souvenir!
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Par Geno756 le 26 Novembre 2014 à 00:09
Un livre pour faire suite au texte précédent. Un livre que j'aurai mis des années à trouver, des années jusqu'à ce que j'ai Internet et que je le trouve sur Ebay.
Dessus, j'ai eu mes 1ères études de texte en 6ème ... ça remonte bien loin mais j'en ai gardé un tel souvenir de bonheur à travers ces lectures que nous fournissait notre professeur de français qu'elles ont fini par effacer toutes les autres lectures de cette année là.Il est ancien, les pages étaient reliées entre elles et les illustrations sont magnifiques. Ce livre a été édité en tirage limité, ce qui me le rend encore plus précieux et donc, il ne sort pas de la maison.
Avec ce livre, Georges Duhamel (1884-1966) a immortalisé l'enfance de ses chérubins et par bien des passages, aujourd'hui, j'y retrouve des scènes autant semblables que celles vécues par mes fils mais bien sûr , chez Georges Duhamel c'est un régal ses souvenirs couchés sur le livre, remplis de tendresse, avec reflexion sur ce monde de l'enfance...
"Tout le reste, tout ce que je considère comme les souvenirs de ma 1ère enfance, c'est un amas de trésors incertains que j'ai, d'année en année, vérifiés, complétés, corrigés, avec mes âmes succéesives d'adolescent et d'homme. Je n'y ai pas porté la main tout seul. Il en est, de ces souvenirs-là, que l'on m'a forgés de toutes pièces et, en quelque sorte imposés. Ma mère, mon père, mes aînés et bien d'autres ont travaillé, tous, à me faire des souvenirs. Ils ont mis pour moi, en réserve , des boucles de cheveux que je ne peux reconnaître et qu'il me faut adopter quand même.
Enfants, enfants, je vais mettre en réserve, pour vous, de menus joyaux dont vous ne voudrez pas.
Je regarde mes petits hommes et, témoin passionné, je répète: un jour viendra où ils ne sauront plus rien de cette enfance merveilleuse. Comme ils n'ont presque aucun truchement, comme ils n'ont ni les moyens , ni peut-être le désir de nous faire part de leur savoir actuel, il y a bien un monde enseveli, un abîme.
Je ne suis pas résigné à vivre satisfait, au bord de cet abîme."
(Extrait page 18 du livre)
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